Rôle de la PMI/PME dans la croissance économique africaine, intelligence économique et compétitivité des entreprises africaines
Mondialisation, Tic, Société du Savoir
Introduction
C’est avec un énorme plaisir de me retrouver parmi vous, ici à DAKAR, à travers les Assises du MEDS 2006, dans la continuité de la réflexion sur les recherches pour le développement stratégique des entreprises africaines face à la globalisation, les nouvelles technologies et la nouvelle Economie.
Comme vous le savez, la fin du monde bipolaire a substitué un monde d’ordre à un monde de chaos. La mondialisation, la globalisation financière, la financiarisation de l’économie et la digitalisation de la monnaie sont les nouvelles armes de cette guerre économique subtile qui s’est déclenchée.
Cette rencontre de DAKAR sera marquée pour toujours dans la mémoire de chaque décideur ici présent. Elle marquera le début d’une transition vers des activités nouvelles comme l’Intelligence Economique et la Nouvelle Economie. Elle marquera surtout la relégation ou la confirmation des innovations de certaines entreprises africaines. Enfin cette rencontre de DAKAR doit permettre à chaque dirigeant, de mesurer avec objectivité le devoir de mettre au service de son entreprise, toutes les capacités et moyens dont ils disposent pour saisir des opportunités ou détecter des menaces. Aujourd’hui, le défi capital à relever est de créer et maintenir au meilleur niveau, leur avantage compétitif dans la complexité croissante de l’environnement international.
L’Intelligence Economique, la société du savoir, les Technologies de l’information, la nouvelle Economie sont les nouvelles armes des entrepreneurs de ce nouveau millénaire.
L’Intelligence Economique peut se définir comme la maîtrise de l’information stratégique dans le cadre du développement des entreprises de la nouvelle Economie.
Intelligence« : S’informer, comprendre, anticiper pour agir.
– Quelle est la signification des phénomènes sociaux que nous observons?
– Quelles sont les questions qui se posent, les bonnes questions?
– Comment peut-on parvenir à une interprétation correcte de notre environnement économique, politique et social?
« Economie »: Production et utilisation de biens et services + Environnement sociopolitique déterminant.
I/ LA NOUVELLE DONNE DE L’ENVIRONNEMENT DES ENTREPRISES
Il est devenu banal de dire aujourd’hui que nous sommes entrés de plein pied dans la société de l’information. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication dont Internet constitue le référent identitaire, sont présentes dans tous les domaines d’activité des hommes, enseignement, documentation, édition, commerce, finance, médecine, loisirs, recherche scientifique, etc.. La généralisation des échanges électroniques d’informations et de documents, le caractère universel de cette nouvelle communication globale, planétaire, la rapidité et le caractère spectaculaire des mutations induites font de cette « révolution » un moment clé de l’histoire de l’humanité.
Mais il convient néanmoins d’éclairer certains points, à savoir le pourquoi du comment. Nombreux sont ceux qui abordent la société de l’information comme ils abordent la société de la connaissance ; Il est clair que pour eux , ces deux concept signifient la même chose ; Pourtant nous sommes face à deux notions qui ne sont pas tout à fait identiques et qui découlent directement de l’environnement dans lequel nous vivons aujourd’hui qui se veut globalisant ou mondialisant entraînant ainsi la naissance de ce que l’on appelle la nouvelle économie.
A- De la société du savoir à la société de l’information
Doit-on considérer que l’on fait allusion à la même chose quand on parle de société de la connaissance et de l’information ? que recouvre réellement ces deux concepts ?
1- Société du savoir ?
Nombreux sont ceux qui ne font aucune distinction entre société du savoir ou de la connaissance et société de l’information pourtant il en est une qui est fondamentale. En effet, si la société du savoir à toujours exister , la société de l’information quant à elle n’existe que depuis une dizaine d’années : les hommes ont toujours vécu en groupe , ont produit, ont échangé du savoir, de la connaissance. La société de la connaissance est beaucoup plus vaste et complexe que la société de l’information qui n’en est, en définitive qu’une composante.
Depuis la nuit des temps, celui qui avait une idée nouvelle devenait plus riche que l’autre car il avait de la connaissance. Et en y réfléchissant bien, on peut constater que toutes les guildes, associations de métiers n’étaient en définitive que des associations de monopole pour protéger leurs connaissances.
Mais alors, vous me direz si cette société de la connaissance à toujours exister, pourquoi en insiste t- on avec aujourd’hui pour la mettre en avant ? Ce qui a changé aujourd’hui c’est l’importance que prend la connaissance, le savoir ; la connaissance pénètre tout aujourd’hui ; Les produits que l’on faisait autrefois sont en fait les mêmes aujourd’hui mais à la différence près qu’ils sont faits avec un très haut contenu de connaissances. On se rend compte qu’aujourd’hui, le seul moyen d’être compétitif c’est de pouvoir intégrer de la connaissance. .Mais qu’est ce que ça veut dire intégrer plus de connaissance ? Prenons l’exemple du café : si l’on achète un kilo de café dans un magasin, on constate rapidement que dans ce kilo, environ 90% est de la connaissance et seulement 10% revient à l’agriculture.
En effet, il s’agit d’améliorer la qualité, le contrôle de qualité pour avoir une qualité supérieure car un café de base ne sera jamais vendu à un bon prix. Intégrer de la connaissance, c’est aussi savoir comment faire un marketing plus rapide, plus animé, pouvoir produire un café qui est un peu plus chic, fait « plus boutique » et ce n’ est qu’à ce moment là qu’ il peut se vendre 3 fois plus cher ; la Colombie a donné un exemple particulièrement probant à cet égard ; elle a toujours réussi à vendre beaucoup plus cher un café qui était fondamentalement le même car ils ont développé le mythe que le café colombien était le Bordeaux des cafés. Et cela constitue une grande introduction du concept de la connaissance. A l’heure actuelle, les stratégies consistant à vivre dans un marché où l’on pense être plus compétitif car on est moins cher ne marche plus.
Certains pays l’ont compris et paradoxalement, ce sont surtout les PED qui l’ont compris plus rapidement : il y a dix ans, les indiens ont changé de paradigme, et se sont demandés s’ils ne pouvaient pas eux aussi être des exportateurs massifs de connaissances et aujourd’hui c’est l’exportation n°1 de l’Inde. C’est devenu le plus grand centre d’exportation d’informatique. Et l’autre exportation indienne, ce sont les indiens eux-mêmes : ils représentent 20% des employés de Microsoft à SEATTLE ;c’est vraiment une invasion tout azimut car ils ont compris que c’est le futur.
C’est donc en ce sens que l’on a pu entendre parler de « l’émergence de la société de l’information ». On est passé aujourd’hui de l’économie de l’industrie à celle du savoir : on parle de l’économie de l’attention.
2- Vers une mutation structurelle : mondialisation et révolution de l’information
Deux phénomènes caractérisent le mieux notre ère : les concepts jumeaux de mondialisation et d’économie de l’information.
Les transformations que ces deux concepts véhiculent – en termes de progrès social, économique, politique, technique et culturel – exercent leurs effets sur l’ensemble du genre humain et sur toutes les économies et sont de ce fait porteuses d’enjeux et de perspectives considérables.
La mondialisation est un fait, un phénomène impliquant l’ensemble des pays de la planète, développés et en développement, une intégration des marchés financiers , une vitesse de progression du phénomène, un impact indiscutable sur les plans social et culturel ainsi qu’un le rôle clé joué par les technologies de l’information et de la communication.
Désormais et pour toujours, nous vivons tous dans le même monde, pour le meilleur comme pour le pire. Et c’est la conjugaison de la mondialisation de marchés et de la révolution des technologies de l’information (TICs) qui a crée la nouvelle économie et sa société . C ‘est un monde en constante évolution , un monde aussi différent de l’âge industriel que l’était ce dernier par rapport à l’époque où l’agriculture était reine.
LES NOUVEAUX DEFIS DES ENTREPRISES DANS LA NOUVELLE ECONOMIE
On est désormais passé de l’économie de l’industrie à la nouvelle économie, nouvelle société du tertiaire qui passe par Internet : la société du savoir ou de la connaissance En effet, on est passé à l’ère de la marchandisation du savoir; La connaissance est devenue l’ un facteur des plus déterminants sans lequel on ne peut envisager aucune politique.
Cette nouvelle société de la connaissance est ainsi caractérisée par la vitesse, l’immatérialité et l’interactivité ; On est passé du support papier au support électronique : le numérique.
La société du savoir s’accompagne d’un décloisonnement des marchés avec une concurrence forçant une meilleure compétitivité et surtout, d’une surabondance informationnelle. Dans cette nouvelle ère, les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont un rôle et une place déterminante en tant qu’outil de développement et d’efficience de cette information à tous les niveaux et dans tous les domaines (stratégique, éducation, santé…..) .
Et c’est justement l’influence croisée des phénomènes de mondialisation , de la société du savoir et des TICs qui nous amène à parler aujourd’hui de la nouvelle économie ou de l’économie mondiale de la connaissance.
Cette nouvelle économie influe tant dans le secteur économique, sociétal que technologique ; Elle nous amène à adopter de nouvelles habitudes, entraîne des changement de valeurs et de comportements avec de nouveaux outils et instruments de travail par exemple tel que le développement du B2B, B2C, SOHO….
Face à cela, il faut prendre conscience de l’importance du savoir, des contenu et des talents individuels qui ont désormais plus de valeur sur les marchés que l’industrie ; Une nouvelle attitude doit être développée afin de pouvoir suivre le rythme imposé par cette nouvelle économie : il devient primordial de s’adapter à celle-ci si l’on veut survivre dans ce monde globalisé.
Toutefois, nos sociétés accusent une certaine fatigue face à cette accélération de la mondialisation avec la sensation de manquer d’emprise sur les évènements mais également un certain sentiment d’ effritement de la notion d’état- nation d’où la nécessité d’une réorientation stratégique vers l’univers des multimédias.
L’ambition affichée de par le monde est d’utilisé le potentiel de ces TIC pour tirer une croissance à 2 chiffres d’où une effervescence intellectuelle autour des grands enjeux de l’information.
Il devient alors nécessaire de développer des politiques de la connaissance afin d’être le plus en phase avec le nouveau visage qu’affiche le monde aujourd’hui : il convient d’ élaborer de nouvelles stratégies et des plans de société car, sans les stratégies adéquates, les TIC peuvent nous être fatales et se révéler être des facteurs d’aggravations d’inégalités .
Envisagé comme cela, tout paraît simple mais les revers de cette société du savoir peuvent avoir de lourdes conséquences et appellent à une grande prudence ; En effet, toute nouveauté à son lot d’inconvénients tel que la cybercriminalité, l’insécurité financière et bancaire, tous les usages pervers auxquels on peut avoir recours, le problème du nouveau rôle voire de la disparition de certaines institutions, le problème de la propriété intellectuelle(…..). Il est évident que cette nouvelle économie appelle à de nouvelles règles qui devront être mises au point le plus rapidement possible.
On l’aura bien compris, on est aujourd’hui face à un phénomène qui ne date pas d’hier mais qui prend à l’heure actuelle des propensions incroyables n’épargnant personne ou plutôt, qui ne devrait épargner personne, les pays développés comme les pays en développement.
1- Nouvelle économie ?
« définir la nouvelle économie revient à préciser ses trois éléments fondateurs : une matière première, une source d’énergie, un moyen de transport. Ainsi l’information, le plus souvent sous forme numérique est la matière première. L’énergie indispensable pour traiter, transformer, organiser est, non pas l’électricité mais l’électronique et tout particulièrement l’industrie des semi-conducteurs. Enfin, les réseaux numérique au centre desquels Internet joue un rôle déterminant constituent l’indispensable moyen de transport destiné à acheminer l’information sous toutes ses formes »
Bernard Mache et Grégoire Aladjreti, Economistes
Il faut bien comprendre que la nouvelle économie ne fait pas disparaître l’ancienne, elle s’y superpose en ajoutant de nouvelles règles et de nouveaux outils :La civilisation contemporaine traverse une mutation profonde qui se caractérise par le passage d’une « société de production » à une « société d’information et de savoir ». L’information sous-tend actuellement toute activité humaine. C’est le point central de cette nouvelle économie.
a- L’économie de l’immatériel
Ce qui change fondamentalement entre l’ancienne et la nouvelle économie c’est la dimension espace-temps.
En effet, le fondement de l’économie c’est l’échange qui s’effectue au rythme de la communication : la communication est aujourd’hui devenue l’épine dorsale du monde grâce à Internet et aux réseaux téléinformatiques.
Quant au temps, ce n’est plus d’accélération qu’il convient de parler, mais de contraction ; L’information, l’échange ont lieu en temps réel dans le monde entier.
Les technologies de l’information et de la communication ainsi que la révolution numérique nous font entrer, « nolens volens », dans une nouvelle ère dont l’une des principales caractéristiques est le transport instantané de données immatérielles. Et la prolifération des liaisons et des réseaux électroniques. Internet constitue le cœur, le carrefour et la synthèse de la grande mutation en cours.
« Les autoroutes de la communication sont à l’ère actuelle ce que les chemins de fer furent à l’ère industrielle : de vigoureux facteurs d’impulsion et d’intensification des échanges. » (Christian PONCELET). On observe ainsi une dématérialisation de l’économie, accompagné de la délocalisation ou même de la « globalisation » des entreprises, des institutions, de tous les lieux de pouvoir.
Cette nouvelle société de l’information se veut fluide, rendant ainsi les informations largement partagée, dans une volonté d’en accroître l’accès universel mais également d’en réduire le coût au niveau le plus bas possible. La société de l’information met à mal la notion de frontière, elle n’est pas compatible avec les pratiques de cloisonnement et de refus de communiquer, avec les tentatives d’appropriation abusive des idées. Internet, les technologies de l’information et de la communication sont désormais des vecteurs de l’échange universel et ne connaissent pas les frontières traditionnelles qui veulent enfermer les échanges dans des mondes clos sur eux-mêmes. Il en va des frontières entre pays ou entre communautés, comme des frontières entre chapelles, entre disciplines, entre organisations.
Le monde ouvert de la nouvelle culture informationnelle engendre de nouveaux modes de pensée, de valeurs, de comportements et de travail (SOHO, B2B, B2C..) .Dès lors ce monde ouvert devient aussi ferment d’innovations véritables et profondes tant individuelles que collectives ou même sociétales : « Le changement devient la règle et la stabilité, l’exception » (Hervé Serieyx : Le Big Bang des organisations).
L’autre caractéristique de cette révolution de l’information est sans doute sa vitesse. Les transactions s’accélèrent, les délais de décision se raccourcissent, rester informé est une occupation à temps plein, l’échange d’informations est pratiquement instantané et le rythme du travail augmente sans cesse. À l’heure où des tâches plus nombreuses peuvent être effectuées plus vite, les organisations et les individus doivent faire preuve de flexibilité et d’une réelle faculté d’adaptation pour suivre cette évolution. Les organisations qui avancent sur les autoroutes de l’information peuvent pratiquement mesurer la vitesse du changement en nombre de révolutions par minute.
b- Ce qui importe, c’est le CONTENU :
« la mutation majeure est celle du passage à une société du savoir, dans laquelle la ressource économique fondamentale n’est plus l’outil de production, le travail ou le capital mais la connaissance »
Peter Drucker, Economiste
La nouvelle économie est l’économie du savoir caractérisé par le fait que l’innovation a davantage d’importance que la production de masse, que les financiers investissent plus dans de nouveaux concepts ou les moyens susceptibles de les créer que dans l’équipement.
L’économie de l’information se rapporte à une nouvelle structure économique mondiale dans laquelle la production de biens et de services d’information est prédominante dans la création de richesses et d’emplois et repose sur l’utilisation des technologies d’information et de communication (TIC) et d’une infrastructure mondiale d’information. Cette nouvelle économie prospère sur le savoir et l’innovation continue. Elle privilégie l’information dans l’entreprise économique et met l’accent sur l’utilisation du savoir et de l’information symbolique susceptibles d’être intégrés dans les biens et services matériels et non matériels.
C’est en ce sens là que l’on peut interpréter le savoir par rapport à la compétence ; La compétence est un mélange de savoir explicite, de talents, d’expérience, de jugements, de règles de valeurs. Aujourd’hui, ignorer ou détruire la compétence pénaliserait forcément une organisation ou un Etat.
Caractéristiques | Economie industrielle | Economie de l’information |
Source d’avantages compétitifs | Terre, main d’œuvre et capital | Savoir |
Mode de production | Autorités hiérarchiques | Innovation à travers les services et les réseaux |
Champ d’intervention | Local/Régional | Mondial |
Classification
industrielle |
Distincte; multiple | Diffuse ; Architectures |
Source : E/ECA/ADF/99/7
Dans la nouvelle économie, l’information et le savoir constituent les facteurs de production essentiels. Cela ne signifie pas que les autres facteurs de production ne sont pas importants. Ils sont seulement surpassés par le facteur du savoir.
c- De la société de l’information .
Par « société de l’information », on entend une forme spécifique d’organisation sociale dans laquelle la production, le traitement et la diffusion d’informations sont les sources fondamentales de productivité et de puissance. Cette expression a peut-être été forgée pour la première fois en 1980 par Yoneji Masuda qui estime que la société de l’information est la « société post-industrielle ».
On peut assez précisément dater l’émergence de cette société de l’information du début des années 90 avec le développement des usages d’Internet, d’abord à travers la généralisation du recours à une messagerie électronique universelle, puis par le biais du Web dont la croissance organique, rapide et exponentielle, est réellement un phénomène de société irréversible. Il serait toutefois erroné de considérer la société de l’information sous son seul aspect technologique et de l’assimiler au seul développement des technologies de l’information et de la communication et du document numérique en réseau. Derrière ces technologies d’une grande souplesse et simplicité d’utilisation et dont le caractère universel, global est évident, se manifestent de nouveaux comportements des hommes et des groupes humains, modifiant leurs façons de penser, d’apprendre, de travailler, de coopérer. Cette société de l’information dont on dit aussi qu’elle est société de la connaissance et de l’intelligence, se développe sur la base d’une nouvelle culture de l’information. Les échanges de données et la communication électronique généralisée entre les hommes et les groupes, tant à l’échelle planétaire qu’au niveau local, constituent désormais un facteur incontournable de développement individuel et collectif.
L’économie de l’information est la contribution de la technologie de l’information à la croissance économique de la société. Les enseignements tirés de l’expérience des pays qui ont adopté l’économie de l’information sont que la technologie de l’information contribue à la prospérité future d’un pays, transforme l’activité dans le sens d’une plus grande productivité et constitue un vecteur stratégique pour la diffusion d’informations cruciales.
Elle débouche sur des perspectives renouvelées en matière d’éducation et de formation et plus généralement d’accès à l’information, à la documentation, à la connaissance (enseignement à distance, auto-formation, bibliothèques et universités virtuelles,…). Elle autorise de nouvelles modalités d’organisation du travail, de coopération ou de développement et de mobilisation des compétences (télétravail, entreprises virtuelles, communautés de travail,…), transforme encore de nombreux domaines de l’activité humaine avec des avancées spectaculaires en matière de télé-médecine, d’accès aux loisirs, de commerce électronique, etc.). Elle donne enfin de nouvelles possibilités de développement à la démocratie, à la coopération citoyenne, à la vie associative, à l’expression des points de vue divers et variés sur les sujets de préoccupation actuels et cruciaux de la société.
Devenue première ressource économique, l’information remet totalement en cause la notion de temps et d’espace. Elle nous impose une redéfinition de nos relations, de notre travail, de notre éducation, de nos échanges. L’information est le seul bien qui se multiplie lorsqu’il est partagé. Elle pose donc un double défi en termes de gestion : préserver une ressource rare tout en maîtrisant sa surabondance. La révolution de l’information est à l’ordre du jour. Un enthousiasme croissant se manifeste et l’on voit les grands de ce monde, les politiciens, les chefs d’entreprises et les spécialistes du développement emportés par cette « ruée vers l’or » des temps modernes qui les pousse à rechercher un usage optimal des nouvelles technologies de l’information et de la communication
2- Les mutations occasionnées par la nouvelle économie
La nouvelle économie est celle du savoir et il va sans dire que celle-ci entraîne des modifications au niveau des modes financiers, technologiques et des schémas culturels.
La société du savoir est donc une société où le tertiaire prend toute son importance et qui s’articule autour de trois types de mutations.
a- des mutations technologiques
Si l’impact macroéconomique de cette déferlante technologique demeure contesté, on a le sentiment intuitif qu’il revêt plus d’importance qu’il n’y paraît à première vue et qu’il produit des effets considérables dans l’économie mondialisée, conditionné par l’accès aux TIC. L’importance des TIC a pour fondement la numérisation ; En effet, on est passé de l’analogique a numérique, au support électronique interactif, Internet. S’il est un fait, c’est que l’on a bel est bien changé de support.
La numérisation a rendu possible la convergence de différents médias pour assurer une transmission de l’information à la fois rapide, efficace par rapport au coût et sans déformation. : On parle de mass média ou de pluri-média. Cette évolution correspond à une nouvelle perception de la technologie qui, en soi, n’est plus un instrument de facilitation mais un moteur du changement. Internet, les technologies de l’information et de la communication sont désormais des vecteurs de l’échange universel et ne connaissent pas les frontières traditionnelles qui veulent enfermer les échanges dans des mondes clos sur eux-mêmes .
Les fonctions d’entraînement et la mise en place de réseaux qui caractérisent les TIC signifient que, de plus en plus, celles-ci deviennent des technologies fondatrices. Elles représentent l’infrastructure indispensable à une grande variété de processus de production industrielle. Elles facilitent une multitude d’activités qui peuvent ainsi être menées différemment, à moindre coût et de façon plus efficace. Elles constituent un nouveau facteur de production qui s’inscrit comme fondement de l’économie de l’information. L’accélération de leur développement est donc due à ces nombreuses convergences tant technologiques (satellite, mobile, Internet, etc.) que médiatiques (télévision, imprimé, multimédia, etc.). Et parce que chaque convergence est une hybridation médiatique qui offre de nouvelles applications, elle fait surgir de nouvelles clientèles ; d’où l’impact des TIC sur les pôles sociétal et économique.
b- des mutations économiques
La nouvelle économie émerge et se superpose à l’ancienne . Elle prend la forme d’une spirale contrôlée par des groupes de financiers qui s’appuient sur Internet. Cette spirale devient une recherche constante de nouvelles clientèles et de nouveaux capitaux. Sa principale caractéristique est la réorganisation de la chaîne de production-diffusion permettant d’offrir plus de valeur ajoutée et de volume via un réseau de magasins bricks-et-clicks, c’est-à-dire d’entreprises moitié édifice (bricks and mortar, en « dur ») et moitié Internet (clicks).
La nouvelle économie fonctionne en temps réel grâce à des réseaux de communautés financières de plus en plus synchronisées, ce qui la rend vulnérable à tout événement négatif qui fait perdre confiance aux gens.
Mondialisation et nouvelle économie influent donc de manière constante sur l’économie. Aujourd’hui, il est question d’économie mondiale ; on observe un décloisonnement des frontières, des marchés facilité justement par la rapidité et la vitesse des moyens de communication. : On assiste ainsi a une mondialisation ou globalisation des marchés dont nous sommes nous – mêmes les acteurs. La nouvelle économie possède plusieurs caractéristiques et utilise de nouveaux outils que les décideurs et les promoteurs doivent apprivoiser. Ses principaux outils sont les alliances, les portails, le branding et une stratégie de prix variables.
– une cadence d’innovation qui s’accélère |
– L’information comme nouvelle matière première |
– Un fonctionnement transversal et non pyramidal de nos organisations : De la division du travail par métiers, nos entreprises doivent irrémédiablement passer à un travail en équipe pluridisciplinaire où sont réunies toutes les professions concernées par la réalisation d’un produit |
L’homme, avec son savoir, son savoir-faire, son savoir-être, l’homme détenteur de l’information, est placé au cœur des mécanismes économiques, culturels, politiques et sociaux |
L’ancienne économie se calculait en additionnant des ressources tangibles comme le capital ou l’immobilier. La nouvelle économie repose sur l’interaction entre des actifs beaucoup plus immatériels, rendant difficile le calcul de sa productivité : le capital humain (le talent, les compétences, la culture de l’entreprise, etc.), le capital savoir (la recherche, l’innovation, les connaissances explicites et tacites), le capital client (le nombre de clients fidélisés) et le capital de la marque (sa notoriété).
À tout ceci il faut ajouter l’exploitation d’une ressource vraiment intangible, l’innovation, qui utilise ce réseau d’intelligence répartie que sont les internautes. Les transformations sont significatives : D’un marché dominé par l’offre, à un marché dominé par la demande : on bascule irrémédiablement vers un monde où le client est roi; le client peut aujourd’hui choisir, il exercera son droit, son pouvoir. Et nos entreprises contraintes de s’adapter à leurs désirs. Conséquence directe de ce renversement : une cadence d’innovation qui s’accélère, des machines, des chaînes de production non adaptées aux changements trop rapides exigés par la nouvelle économie; plus grave encore, des structures d’organisation d’entreprises trop lourdes pour pouvoir réagir au mouvement . Nous passons du compliqué au complexe. De structures pyramidales, hiérarchisées, compartimentées, nous évoluons vers un travail en réseau d’où cette réorganisation du tissu économique avec cette affluence de « mégamajors » visant à optimiser la satisfaction du client et donc à vendre plus de produits et services avec une politique du pool and push et le développement d’un marketing One to One (1to1).
La nouvelle économie ne serait pas la nouvelle économie sans parler de l’information. Parce qu’elle déplace les marges de bénéfices, l’information devient le centre de gravité de la nouvelle économie et commence à exiger la création d’un nouveau modèle capable de développer une économie du savoir.
Le moteur de la nouvelle économie n’est pas tant l’utilisation du volume ou l’intégration de la chaîne de production-diffusion pour baisser les prix, mais la production de valeur ajoutée. Mais attention, la masse informationnelle n’équivaut pas à la connaissance, le vrai défis c’est de savoir l’analyser, la schématiser et l’utiliser au bon moment.
c- des mutations sociétales
Enfin, la nouvelle économie influe sur nos comportements, habitudes ; nos schémas culturels vont être modifiés..
La société du savoir émerge avec l’arrivée de nouvelles clientèles de citoyens et de consommateurs ayant de nouveaux comportements. Ceux-ci sont créés par un fort courant de personnalisation suscité par l’interactivité des systèmes et des réseaux employés. L’apprivoisement et la fidélisation de ces clientèles sont au cœur du développement de la nouvelle économie.
Face à cela, on a pu observé depuis plus d’une décennie l’apparition de groupes d’intérêts, de collectivités locales ; En introduisant l’interactivité, à partir des années 90, les NTIC créent une multitude de groupes d’intérêts de toutes sortes. Le grand public se fragmente donc en collectivités formées de membres participant à leurs diverses activités grâce aux nouveaux outils électroniques.
Ainsi, aujourd’hui, un être humain, selon ses besoins, peut-il à la fois être un membre de ce grand public et aussi de plusieurs collectivités.
L’une des forces qui façonnent la nouvelle société est la personnalisation; c’est surtout elle qui, en modifiant les processus de socialisation, suscite les groupes d’intérêts. À cause de l’interactivité des services électroniques, l’Internet devient un outil décentralisateur, ses réseaux réagissant fortement à une individualisation de la demande d’où le concept de marketing 1 to 1. Ainsi, nous assistons en ce moment à un foisonnement des groupes qui veulent affirmer leur identité à partir de leur territoire et des gens qui l’habitent.
Cette personnalisation de masse devient le fondement du commerce électronique, car elle fait surgir des produits de plus en plus spécialisés destinés à des groupes d’intérêts, c’est-à-dire des portails thématiques dédiés aux micro-marchés ou niches, avec comme corollaire économique la bataille qui débute pour la fidélisation des clientèles et comme corollaire sociétal, le droit à la différence.
Ces mutations de la société ne sont pas sans avoir un impact direct sur les comportements des individus au sein de leurs entreprises. On a pu observé des changements, des nouvelles forme de travail, de ventes qui sont apparues avec le développement de l’e-commerce, du B2B (business to business), du B2C (business to consumer), le travail à domicile (SOHO).
Trois mots-clés : Loyauté, motivation et souplesse :
De part l’allégement des structures et la dispersion des personnes, il est attendu des collaborateurs une plus grande loyauté dans le travail, une véritable éthique vis-à-vis des clients, des collègues, vis-à-vis de l’entreprise. |
La compétition allant grandissante, la motivation du collaborateur et sa souplesse seront déterminantes : une motivation, un investissement dans le travail qui doit pouvoir aller jusqu’à l’acharnement ; une souplesse dans les relations, une mobilité dans les déplacements. |
Finalement, des hommes et des femmes contraints de s’adapter, de modifier leurs habitudes, d’acquérir de nouvelles connaissances.
Mais la grande révolution du XXIème siècle est ce sentiment qu’on les individus de participer au développement de la société. Et cette participation sera d’autant plus développé et accentué qu’il sera exercé par ceux que l’on appelle la génération X et Y(ceux nés entre 1961/1979 et 1980/1994).
En effet, , l’autre mutation sociétale importante est justement la génération des « baby boomers »(1943/1960), les génération X et Y étant culturellement opposés. La génération du livre a été remplacée par celle de la télévision puis par celle d’Internet. Cette dernière défend le bip , le click, le rap et le zap (e- generation).
G-1génération X&Y
1901-1924 |
Silent génération
1925-1942 |
Boomer génération
1943-1960 |
X & Y génération (génération NINTENDO)
1961-1994 |
Culture de la belle époque façonnée par les classique et le cinéma | Culture des années folles façonnées par la radio | Culture de l’après – guerre façonnée par les mass média | Culture mondialiste façonnée par Internet et les jeux vidéo |
Poursuite : sécurité économique
– Avoir une mobilité sociale ascendante – Respecter les règles – Faire ce que doit – Intérêts pour les autres
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Poursuite : plaisir personnel
– Avoir une vie plein et riche – Tout avoir tout de suite – Faire ce que veut – Intérêts tournés sur soi |
Poursuite : Satisfaction
– Avoir le contrôle de sa vie – Respecter ses habilités – Faire de son mieux – Intérêts pour la qualité de vie |
Il faut que les générations communiquent entre elles. Il faut que notre génération parle à ses enfants de ce qui l’émeut sinon, les enfants ne verront pas le monde tel qu’il est mais tel que les images le montrent.
La mondialisation de la culture est consacrée à travers la célébrité mondiale de nombre d’idoles et de grandes vedettes du monde du spectacle : ce qui importe c’est l’ « entertainment », le monde du rêve que l’industrie de la communication nous vend.
Elle favorise une certaine perception de la réalité et permet à chaque individu de vivre le « rêve », d’être acteur de la société mondiale de la consommation. S’il est fondamental que chaque pays relève le défi de la création de contenus destinés à une audience mondiale, un autre défi se pose actuellement, celui de faciliter l’accès à la culture en l’absence de contenus propres à chaque pays.
La nouvelle économie porte en ses flancs la liberté, pas l’égalité, la mondialisation, mais pas l’uniformisation.
Tableau récapitulatif des mutations occasionnées par la nouvelle économie
source : Michel cartier
LES DIFFERENTS DEBOUCHES DE L’ECONOMIE DES RESEAUX
Faisant de plus en plus appel aux technologies de l’information, les services tendent à dépendre davantage des apports de capitaux et de ressources humaines. C’est pourquoi certains analystes estiment que les pays en développement ne peuvent soutenir une concurrence internationale dans les services et que la libéralisation des échanges dans ce domaine ne présente pour eux qu’un intérêt limité. Il s’agit d’un point de vue erroné. Les pays en développement sont déjà présents dans des secteurs où ils disposent d’avantages comparatifs dans les services informatiques, et cela va continuer. En outre, la libéralisation n’a pas seulement pour but d’élargir les exportations, mais surtout d’aider les producteurs nationaux à accéder à des services plus efficaces et diversifiés sur les marchés mondiaux.
Les services aux producteurs gagnent en importance dans le cadre d’une stratégie de développement axée sur l’extérieur. Pour affronter la concurrence internationale, les exportateurs dynamiques recourent de plus en plus à des cycles de produits écourtés, à une livraison rapide et à un service à la clientèle améliorée. Résultat, la part des services dans les exportations finales s’accroît. Dans les industries sensibles aux échéances, les entreprises doivent être rapides ou disparaître. Les prestataires de services innovateurs améliorent les systèmes de transport et de communication et créent une infrastructure de services de pointe.
Celle-ci devient à son tour un critère essentiel dans les choix d’implantation des exportateurs. Les nouvelles économies industrielles d’Asie de l’Est ont particulièrement bien réussi à mettre en place une infrastructure moderne de services aux producteurs.
Dans le développement, il n’y a pas de formule magique, pas de méthode toute faite: seul le bon sens et la compétence comptent. L’Entreprise Africaine doit construire son propre développement et l’adapter surtout à ses environnements interne et interne. Ainsi apparaissent une multitude d’outils, et un nouveau concept stratégique de Management: l’Intelligence Economique.
Elle est la seule démarche qui donne aujourd’hui une réponse concrète et adaptée qui permettent d’améliorer, si ce ne sont les résultats, mais surtout l’environnement chaotique dont les Etats et les entreprises africaines sont confrontés.
L’INTELLIGENCE ECONOMIQUE COMME REPONSE AU DEVELOPPEMENT DES ENTREPRISES
Comme vous le savez, l’intelligence économique a pour objectif principal, d’obtenir des réponses à des questions en découvrant des intelligences entre deux ou plusieurs informations ou situations préalablement mémorisées. Il s’agit de poser des problèmes stratégiques de développement, et de chercher des solutions adéquates à travers différents outils.
Ce concept moderne d’intelligence économique fut développé pour la première fois à la fin des années 1960 aux Etats Unis par Harold Wilensky. Il pose dans son ouvrage deux problématiques qui font l’objet aujourd’hui de tant de préoccupations :
* Les stratégies collectives et la coopération entre gouvernements et entreprises dans la production d’une connaissance commune pour la défense et l’avantage concurrentiel.
* L’importance de la « connaissance » dans l’économie et l’industrie comme moteur stratégique du développement et du changement.
Pour introduire la notion d’intelligence économique, Wilensky identifie quatre déterminants de l’allocation de pouvoir, d’argent et de temps à l’intelligence (entendue comme le recueil, l’interprétation et la valorisation systématique de l’information pour la poursuite de ses buts stratégiques) dans une organisation:
Le degré de conflit ou de compétition dans l’environnement est lié de façon caractérisée au degré d’implication, ou de dépendance envers un gouvernement;
Le degré de dépendance de l’organisation sur le soutien interne et l’unité;
Le degré auquel les organisations internes et l’environnement externe font l’objet d’une croyance du management dans leur possibilité d’être rationalisés, c’est à dire, caractérisée par des uniformités prévisibles, et donc sujet à l’influence;
La taille de la structure de l’organisation – l’hétérogénéité de ses membres, la diversité de ses buts et la centralisation de son système d’autorité.
ANTICIPER POUR AGIR, L’INTELLIGENCE STRATEGIQUE
Sun Tzu dit : « La guerre […] est le domaine de la vie et de la mort […] il est impérieux de bien la régler. Ne pas faire de sérieuses réflexions sur ce qui la concerne, c’est faire preuve d’une coupable indifférence pour la conservation ou pour la perte de ce qu’on a de plus cher » (L’art de la Guerre).
Appliquée à l’économie, cette rhétorique guerrière du capitalisme enflamme les esprits depuis quelques années, tout en insufflant une confusion dangereuse sur l’importance à accorder aux outils de ce que l’on nomme selon l’air du temps renseignement concurrentiel, veille technologique, intelligence économique, business intelligence, competitive intelligence, etc…
Mais de quoi parle-t-on?
Avant tout de la pérennité de l’organisation dans un environnement de plus en plus incertain, concurrentiel et protéiforme, face à la globalisation de l’économie, à la dématérialisation de la société transformée en société du « savoir » à l' »accélération » du temps.
Ses décisions stratégiques reposent sur une information cruciale, aujourd’hui issue d’un univers qui se complexifie où l’espace-temps se rétrécit, où les processus se sont accélérés et nécessitent des réactions rapides.
Dans ce contexte turbulent, l’intelligence économique apparaît comme le processus de gestion de l’information critique dont la finalité est la réduction de l’incertitude dans la prise de décision. L’intelligence économique a pour objet la réduction de la part d’incertitude dans toute prise de décision.
Dans un environnement turbulent et complexe, l’anticipation préliminaire à l’action est essentielle pour la compétitivité de l’organisation. L’intelligence économique s’impose comme pratique d’aide à la décision, que celle-ci soit d’ordre stratégique ou tactique.
L’intelligence économique est un processus à forte valeur ajoutée de gestion de l’information. Elle obéit à des règles strictes de transformation d’un questionnement en renseignement utile pour le décideur : préparer une recherche, analyser, interpréter et diffuser une information dans l’objectif premier de prendre une décision non-aléatoire.
L’INTELLIGENCE ECONOMIQUE, FACTEUR DE COMPETITIVITE
L’intelligence économique est une pratique qui permet de gérer au mieux le savoir, élément du capital de l’organisation pour l’efficacité de la stratégie.
Au même titre que sous l’ère industrielle le travail et le capital étaient les facteurs essentiels de production, sous l’ère du savoir l’information est devenue un facteur primordial de compétitivité. Cette matière intangible, et donc difficile à appréhender, possède cependant ses spécificités propres. C’est un capital immatériel, la donner ne signifie pas que l’on s’en dépossède. Elle a un potentiel de différenciation : l’information clé que les concurrents n’ont pas est celle qui possède une réelle valeur. Enfin l’information est une matière à forte dégradabilité : le temps désagrège sa valeur et son utilité.
L’entreprise doit pour maintenir un avantage concurrentiel, développer un climat propice à la créativité. Comment ? En multipliant les perspectives, en décloisonnant les experts, en enrichissant le choix des décideurs.
Il faut donner à l’information son pouvoir d’ouverture des possibles car c’est elle seule qui sert à réduire l’incertitude, à juguler l’imprévisibilité de l’environnement ». L’intelligence économique — discipline et pratique – répond à ce besoin.
« C’est la capacité d’obtenir des réponses à des questions en découvrant des intelligences entre deux ou plusieurs informations préalablement mémorisées ».
L’intelligence économique en tant que discipline consiste à transformer des informations brutes collectées en renseignements directement utiles à la prise de décision ; elle rejoint donc l’optique de la stratégie — du grec « stratos » (chef de guerre) et « agein » (conduire) — qui est « l’art d’optimiser l’allocation des ressources en les concentrant au point d’impact maximal » (Carl Von Clausewitz, De la Guerre, 1888, édition française 1989 Editions Ivrea).
L’intelligence économique est une expression encore souvent mal comprise ou mal utilisée. Il existe une multitude de vocables ou de formules qui créent la confusion: intelligence économique, compétitive intelligence, renseignement commercial, veille concurrentielle, business intelligence…
L’intelligence économique est l’expression la plus globale car elle applique la gestion de l’information à tous les acteurs de la Nation y compris l’Etat et ses émanations comme à la fois demandeurs et prestataires de renseignements. L’intelligence stratégique, quant à elle, fait plus spécifiquement allusion à l’univers de l’entreprise et de son environnement concurrentiel au sens large.
En outre, une confusion supplémentaire est née de l’homonymie entre le mot intelligence en français et en anglais. En français, il évoque la faculté mentale de comprendre, de connaître, de discerner, de réfléchir (mais aussi, dans un langage littéraire, la connivence, la collusion). En anglais, il signifie aussi littéralement « Services secrets » (ex. : Central Intelligence Agency », NSA).
Or, les Francophones rechignent à utiliser le terme au sens anglo-saxon qui semble faire resurgir chez eux toute la mythologie liée à l’espionnage. C’est pourquoi le terme de veille est souvent utilisé bien qu’il ait le défaut d’évoquer la passivité et que sa pratique ne corresponde qu’à une partie du projet d’intelligence économique. Il convient donc d’utiliser et de comprendre le terme d’intelligence au sens anglo-saxon.
Aujourd’hui la démarche est bien plus ancrée dans une cohérence globale au service de la compétitivité de l’entreprise. De fait, en soi une ou plusieurs informations isolées n’offrent pas d’intérêt pour le décideur. Ces mêmes informations deviennent hautement stratégiques si et seulement si elles sont comprises et utilisées, et ont donc subit un processus de valorisation. L’intelligence économique a ceci de neuf qu’elle dicte le processus de la chaîne de valeur ajoutée.
QUELLE EST LA CHAINE DE VALEURS AJOUTEE DE L’INTELLIGENCE ECONOMIQUE ?
Une fois recueillie, l’information subit un traitement à valeur ajoutée pour passer de l’état de données brutes à l’état de renseignements. La valeur ainsi créée se concrétise en actions.
La chaîne de valeur ajoutée de l’intelligence économique permet de passer de données brutes à des données fiabilisées puis à l’information et enfin au renseignement c’est-à-dire une information sophistiquée directement utile aux décideurs pour diminuer l’incertitude de leurs choix. L’information n’est qu’une matière première factuelle tandis que le renseignement est « une connaissance élaborée, évaluée, vérifiée, recoupée et analysée. Une fois admis pour vrai, c’est un savoir confidentiel qui n’est pas accessible à tous ».
Le renseignement est un élément de connaissance recherché et correspond à un besoin précis du décideur « il est donc recueilli par des personnels qualifiés puis étudiés avec méthode par des cellules spécialisées ». Selon cette définition la notion de renseignement est clairement reliée à une organisation dont le fonctionnement repose sur la disponibilité et le traitement de certaines informations fiables.
La chaîne de valeur ajoutée se déroule en quatre phases : la préparation, l’analyse, l’interprétation et la diffusion. Chacune de ses phases correspond à une ou plusieurs étapes. Sur la base de la production de données, la phase de préparation correspond à l’identification des besoins ; la phase d’analyse se décompose en premier lieu en la définition des solutions techniques et la collecte des données, en second lieu en la validation et la viabilisation des données incorporant une vérification des sources et enfin en traitement : la phase d’interprétation est l’étape de hiérarchisation, de structuration et de synthèse ; la phase de diffusion est la communication des renseignements sous forme de synthèses, de notes, voir oralement, débouchant sur la décision et l’action.
La phase de préparation est capitale : satisfaire un demandeur d’informations est infiniment moins difficile que de savoir ce qu’il veut. Face à la surabondance d’informations en circulation, l’identification des besoins est indispensable : quels sont les acquis à protéger ? Qui change de stratégie ? Qui sont les concurrents gênants ou qui pourraient le devenir ? Tous les problèmes doivent être posés en terme de décisions à prendre qui seront traduisibles en informations à recueillir et dans ce domaine la précision est bienvenue.
« Reduce your data, increase your thinking », autrement dit, l’intelligence est inversement proportionnelle à la masse d’informations recueillies et par conséquent la recherche doit être bien ciblée y compris pour en maîtriser son coût. Comme toutes les autres grandes pratiques de l’organisation, l’intelligence économique est une démarche qualiticienne dont l’efficacité économique est forte si le taux de déchets (résultats des opérations successives de tri séparant les données de la décision) est faible.
La phase de préparation suivie de la définition des solutions techniques de collecte est essentielle pour assurer l’équation économique de la chaîne de valeur ajoutée.
Pour évoquer les bases de cette phase de préparation, il faut faire référence aux concepts d’ignorance savante et d’ignorance profonde. Par ignorance savante il faut entendre que l’individu ou l’organisation qui pose des questions a conscience de ses lacunes tandis que dans l’état d’ignorance profonde, l’individu ignore… qu’il ignore ! Autrement dit nous sommes riches de ce que nous détectons être une ignorance.
Les besoins en information identifiés, peut alors commencer la deuxième phase dite d’analyse. Se pose alors la question de la recherche et de la collecte de cette information et par conséquent de localiser et d’exploiter les sources au meilleur rapport coût/qualité.
LES DEUX SOUCES D’INFORMATIONS : FORMELLE ET INFORMELLES
Les sources formelles se trouvent sur un support (papier, films, informatique…) et elles sont nombreuses : banques de données (scientifiques, économiques…) : études et rapports publiés par les organismes publics, Ministères, instituts spécialisé, les livres, les médias (Internet, télévision, radio, presse écrite), les publications légales des entreprises (rapports annuels, plaquette, publicité, manuel d’utilisation des produits de la concurrence…).
Les sources informelles sont à dominante orale et ne se situent pas dans un « lieu » précis : propos recueillis dans les salons, les conférences (et dans les avions qui transportent leurs participants…), entretiens avec les clients, les fournisseurs… et tout ce que l’on peut appeler, selon l’expression de Bernard Besson, « la mémoire » de l’organisation (compilation des notes de service, rapport d’étonnement, répertoire des compétences…)
LES TROIS TYPES D’INFORMATIONS EN FONCTION DE LEUR MODE D’ACCES
– L’information ouverte est directement accessible à tous par des moyens légaux, « légale »
– L’’information entre ouverte , s’obtient par des moyens détournés (typique des sources informelles) – « tolérée »
– et devient fermée, lorsqu’on l’obtient par des moyens illégaux (corruption, écoutes téléphoniques, cambriolages…). « illégale »
Une part non-négligeable des informations vraiment utiles proviendraient des sources informelles et seraient de couleur grise. Mais attention : « l’information marginale a un coût élevé qui nécessite une étude de rentabilité préalable ». Il convient en effet de vraiment évaluer le coût de l’information supplémentaire, car ce n’est pas l’information que l’on désire réellement importante, c’est celle qui est nécessaire à la prise de décision.
L’analyse repose également sur des savoir-faire de l’ordre du tri et de l’évaluation. C’est l’étape de fiabilisation. Les deux paramètres de l’évaluation sont la probabilité de véracité de l’information et l’enjeu qu’elle représente pour l’organisation. Il faut évaluer les sources d’informations et donc établir la cotation de l’information par la pratique du recoupement. Le recoupement nécessite toujours de vérifier l’indépendance des sources aux quelles on s’adresse les unes par rapport aux autres, d’autant que les entreprises dans le cadre d’une stratégie défensive de leur propre intelligence envoient des « leurres » (faux dépôts de brevet, rumeurs non fondées, déversement sur Internet d’énormes masses d’informations pour noyer l’essentiel…). Fort de la validité des informations qu’ils ont en main, les analystes pourront commencer leur « épluchage » des données recueillies : c’est le traitement.
L’interprétation est une phase décisive de la chaîne. Ceux qui en ont la charge ne disposent en général que d’informations partielles et dans certains cas de peu de temps pour établir entre elles des liens intelligents et ainsi reconstituer au mieux le tout. Hiérarchiser, relier, rendre intelligible et synthétiser donnent enfin naissance au produit fini : le renseignement. On retrouve chez les « interprètes » des profils atypiques se distinguant pour leur flair, leur perspicacité, leur ténacité, leur sagacité associés à la variété de leur expérience opérationnelle et à leur complicité avec la direction qui en fine prendra des décisions.
La dernière phase de la chaîne de valeur est la diffusion. Il s’agit de communiquer les renseignements à l’ensemble des décideurs ou responsables pour lesquels ils auront une valeur d’utilité. C’est une phase délicate qui se heurte à des blocages culturels et organisationnels. Peu portés à comprendre les autres cultures, peu enclins à partager le pouvoir, cramponnés au corporatisme, vouant un cultes aux élites, les Francophones ont tendance à retenir l’information pour conforter leur autorité dans les entreprise.
Selon Christian Milles, Directeur chez McKinsey & Co, le renouveau de la Bourse implique d’une part que les investisseurs, sur le modèle angle-saxon, recherchent de plus en plus des analyses sur entreprises cotées. Cette nécessaire ouverture n’empêche cependant pas que la diffusion soit contrôlée et adaptée en fonction de ses destinataires dans l’optique de ne pas exposer l’organisation aux actions d’intelligence économique de ses fournisseurs, de ses clients, sans parler de ses concurrents.
L’ensemble des maillons de la chaîne de la valeur ajoutée de l’intelligence économique peut être effectué en interne ou par des partenaires externes en fonction d’une analyse coût/efficacité. La segmentation s’avère alors utile pour classifier l’univers de l’intelligence économique.
LES OUTILS INFORMATIQUES DE TRAITEMENTS DE L’INFORMATION
Les techniques informatiques permettent certes de faire face à la croissance exponentielle des volumes d’information à traiter. Mais seul l’homme peut conférer une vraie valeur au renseignement.
L’accélération du rythme des innovations informatiques a donné naissance à un vaste « domaine numérique » de dimension planétaire rempli d’une substance informationnelle souvent qualifiée de « liquide » ou de « magma ». Cette masse informe est hyperabondante, en perpétuel mouvement et se déplace à très grande vitesse. Si les nouvelles technologies de l’information sont habiles à en favoriser les flux, sont-elles à même de la capter finement et surtout d’aider l’homme à lui donner un sens ?
Les chercheurs et les ingénieurs en informatique cherchent à apporter leur contribution à la création de valeur de la chaîne de valeur ajoutée de l’intelligence économique. Aujourd’hui, certains outils s’avèrent être d’excellents « manutentionnaires » pour l’étape de la collecte. Il existe ainsi une panoplie de techniques dans les domaines du stockage de données (datawarehouse), de l’aide à la recherche (datamining) ou de la gestion électronique de documents (GED). Trier, compiler, classifier, archiver relèvent désormais d’une technologie « de routine » qui représente un pourcentage faible de la valeur du renseignement.
Certains outils récents dans le domaine des technologies de la connaissance s’avèrent plus intéressants pour la phase d’analyse.
Les systèmes ne font qu’apporter une assistance à des analystes humains en facilitant leur accès, et en particulier la rapidité de celui-ci, à l’information sur de grands flux de messages. Ils ne prennent donc aucunement en charge la synthèse, ni aucune forme de raisonnement et d’apprentissage à partir des situations rencontrées. Les systèmes de traitement automatique des messages ne constituent pas une automatisation des métiers de l’analyste. La plupart des tâches essentielles comme la gestion d’hypothèses, la synthèse de l’information et l’évaluation de la vraisemblance incombent à l’homme en dernier ressort. L’inspiration, l’intuition, le rêve, la perspicacité, le questionnement demeurent des termes auxquels on ne peut accorder l’adjectif « artificiel ».
LA VISION COMME FONDEMENT DE L’INTELLIGENCE ECONOMIQUE
La vision, perception originale et subjective de l’univers concurrentiel, est l’inspiration fondamentale et nécessaire de l’intelligence économique. Son essence : une capacité à rompre avec les modes de pensées traditionnels en acceptant la combinaison de la raison et le l’intuition.
« Faut-il se résigner à naviguer petitement dans le grand mécanisme des choses ? Pour ma part, je pense que nous pouvons faire mieux à partir d’un effort de réflexion, de remise en cause fallacieuse des évidences qui nous égarent » proclame Claude Riveline, professeur à l’Ecole des Mines. De fait, la préconisation cartésienne de séparer en problèmes simples ce qui à l’origine formait un tout compliqué ne constitue plus, en dépit des apparences, un modèle de raisonnement générateur de richesse face à la complicité actuelle d’abondance et de sens. Les stratèges d’entreprises ont désormais à puiser leurs forces dans des modes de réflexion où l’intuition et la créativité occupent une nouvelle place.
L’intelligence économique s’inscrit dans des courants de pensées philosophiques et scientifiques qui remettent en cause les théories traditionnelles mécanistes et rationnelles d’interprétation du monde. Des mathématiciens comme René Thom proposent à leurs pairs d’utiliser la métaphore dans leurs recherches. Bachelard a suggéré en son temps de préférer le « Pourquoi pas ? « où la théorie précède l’expérience au « Pourquoi ? » où l’expérience précède la théorie. L’attitude qui consiste à vouloir appliquer des principes généraux à des cas particuliers nuit à la recherche d’une vérité créative aujourd’hui indispensable aux stratèges.
Ce qui fait la différence entre les entreprises, c’est leur aptitude d’ouverture au monde et d’appropriation de toutes les qualités des visionnaires comme l’anti-conformisme, la curiosité et l’intuition. Etre visionnaire relève d’une forme d’esprit qui applique le « Esse e percipi » (Etre c’est percevoir) de Georges Berkeley. Le visionnaire jouit d’un champ visuel de 360° qui lui permet d’arriver à prendre du recul au moment même où le présent se déroule et de parvenir à faire le tri entre l’ordre et le désordre qui cohabitent dan système complexe ; un piège serait de ne pas voir le jeu dans son ensemble car on ne peut pas changer ce que l’on ne voit pas…
La puissance des stratèges naît finalement de la croisée entre volontarisme et opportunisme décrite par Machiavel : pour consolider l’Etat, le Prince doit faire preuve d’habilité (Virtu) en exploitant avec profit tous les éléments de la contingence (fortuna). A l’instar du Prince de Machiavel, le décideur sait à la fois de fier à son intuition pour repérer l’utilité d’une information – clé que le hasard met sur sa route ou partir à la recherche volontaire et structurée de celles qui lui manquent pour optimiser ses décisions. C’est la combinaison du savoir et de la créativité qui permet de percevoir ce que d’autres ne voient pas et de comprendre comment ce qui a été vu peut affecter l’organisation.
Cependant, l’émergence d’une vision est rendue difficile par l’obstacle des savoirs antérieurs non remis en cause. « On connaît contre une connaissance antérieure, en détruisant une connaissance mal faite » a souligné Bachelard dans la formation de l’esprit scientifique : contribution à une psychanalyse de la connaissance. Dans cette idée, l’intelligence économique obéit aux règles des grands processus d’apprentissage ; la vision du décideur, qui en est le moteur, repose sur la faculté de questionnement et de remise en cause permanente du savoir.
La vision des futurs possibles de l’organisation trouve sa concrétisation dans l’exploitation des idées, intuitions et savoirs des acteurs des réseaux humains de confiance de l’organisation, essentiels pour l’efficacité de son intelligence stratégique.
Conclusion
L’intelligence économique en tant qu’ensemble d’actions coordonnées de recherche, de traitement, de diffusion et de protection de l’information utile aux acteurs économiques et aux gouvernements dans le cadre de la sécurité économique, doit être rentable et servir à l’élaboration de la stratégie de l’entreprise, ainsi que dans les manœuvres d’influences qu’elle exerce sur son environnement immédiat (les stratégies de Lobbying par exemple).
Comme le souligne le rapport H.MATRE « Ces différentes actions sont aussi menées légalement, dans les meilleures conditions de qualité, de délais et de coût, tout en s’ordonnant en un cycle générateur d’une vision partagée des objectifs stratégiques à atteindre dans les entreprises ou les organisations ».
L’intelligence économique est marquée par la permanence du cycle du renseignement. L’information étant vue comme un besoin permanent et stratégique : de sa qualité dépend l’orientation de la politique de l’entreprise ou de l’Etat, et les différentes actions à entreprendre.
L’information était un préalable à toute action, elle est devenue aujourd’hui un pré-requis. Comme un général n’envoie pas ses soldats au combat sans disposer d’une vision à la fois globale (identité des forces ennemies) et précise (nombre de divisions, systèmes d’armes utilisés), un chef d’entreprise se doit d’avoir, à chaque instant, une idée exacte des éléments constituant son environnement : Les produits et leurs marchés, les concurrents, l’environnement global (économique, juridique, politique, social).
Et cette idée s’acquiert grâce à une pratique permanente de l’intelligence économique, comme la vision globale du champ de bataille qui s’obtient par une pratique du renseignement économique en permanence dans le développement économique, financier et technologique.
Dans cette guerre économique qui se jouer à l’échelle mondiale, il ne faudra pourtant pas se tromper d’époque, ni de lieu. Les managers africains qui n’ont naguère engagé toutes leurs forces dans cette bataille, ne doivent pas oublier que la communication dans ce sixième continent est basée sur le multimédia (texte, image, son). L’Afrique, initiateur du multimédia avec l’invention de l’outil et des hiéroglyphes ne perdra certainement pas l’occasion de prendre le train du nouveau numérique.
Le patriotisme économique exige que toute la diaspora africaine, les associations de développement, les chercheurs, les responsables politiques, les dirigeants d’entreprises doivent prendre leur responsabilité et contribuer activement dans le renouveau du système actuel, par des actions innovantes, concrètes et adaptées, si nous ne voulons pas encore une fois rater le train du troisième millénaire.
Nous avons tous le devoir de rendre au continent Africain une dignité et un épanouissement économique, culturel et commercial, digne de l’Egypte ancienne.
Je vous remercie tous du fond du cœur de votre écoute active, et souhaite que ces assises du MEDS, soient le ciment de notre unité, notre réussite et que nos différentes collaborations contribuent à faire du continent Africain, de nos entreprises et organisations, un véritable réseau d’influence et un pôle d' »Intelligence » du nouveau millénaire.
Après quarante années (40) d’apprentissage, Il n’y a plus de place pour le doute. Toutes les conditions sont réunies aujourd’hui pour que les entreprises et Etats africains entament avec peu de moyen et beaucoup de motivation et de connaissances, le chemin du développement durable.
Seule une parfaite maîtrise de tous les nouveaux outils et méthodologies permettront de s’adapter à ce nouveau contexte de la mondialisation, de l’info guerre, des nouvelles technologies, et surtout, à travers les actions exhaustives suivantes :
-Mise en place de cellules de veille technologique, économique, culturelle, juridique, concurrentielle, législative, géographique, géopolitique et sociétale.
-Diversification des partenaires économiques et techniques du co-développement
-Pratique du Lobbying dans tous les grands organismes internationaux
-Maîtrise de la propriété industrielle, technique et culturelle
-Le renseignement économique à travers les consulats, ambassades et représentations
-Protection du patrimoine scientifique, technique et commercial de l’entreprise
-Démarche économique globale à l’export avec une diversification des pays fournisseurs
-La sécurité économique des entreprises par la mise en place de structures adaptées
-Patriotisme économique à travers l’éducation et la sensibilisation sur la citoyenneté
-Maîtrise des bases de données, de l’Internet et des autres réseaux de communication ouverts
-Mise en place du « Network Education » (formation à travers les réseaux)
-Application des techniques de la pédagogie active : l’apprentissage ou le « Faire faire » ou les chantiers écoles.
Cette mise en place peut offrir à court terme, une opportunité supplémentaire de mieux connaître l’Afrique, sous représentée dans les médias traditionnels occidentaux. Il permet surtout aux Africains d’accéder aux banques de données et d’informations entretenues dans le secteur privé et les organisations internationales et les ouvrir aux échanges.
Ces systèmes d’informations électroniques, entre autres utilisations concrètes, qui ont permis de dialoguer entre scientifiques africains, européens, et américains sur le virus EBOLA qui à sévi au Zaïre. Il a également été possible de constituer des bases de données socio-économiques concernant l’application des programmes d’ajustement structurel dans les pays du sud. Avec quelques bonnes volontés, aujourd’hui, un jeune chercheur du sud, peut avoir accès au dernier rapport sur la production de mil ou de riz d’une université américaine ou asiatique spécialisée dans la culture subtropicale.
Autrefois, on mesurait le bien être d’un pays à travers le solde de sa balance commerciale, aujourd’hui nous vivons dans une civilisation cognitive ou les idées sont beaucoup plus puissantes que le travail dans les usines.
La seule chance inouïe que les pays africains ne doivent pas rater, c’est de développer des programmes d’éducation, de santé, de sensibilisations à travers les nouvelles technologies (network education ou distance learning, programme healthnet, etc).
Un exemple réussi dans ce domaine est l’Inde, qui est l’un des pays du tiers monde ou le « network education » à largement réussi à enrayer l’ignorance, l’analphabétisme et faciliter les échanges avec l’international.
Aujourd’hui, presque toutes les banques européennes, les compagnies aériennes, et d’autres secteurs d’activités des pays du Nord sous-traitent le développement informatique de leurs logiciels ou de leur comptabilité dans ce pays.
Le télétravail en plein essor, est une composante des nouveaux métiers des nouvelles technologies de l’information (TIC) à accentuer en Afrique, en raison des coûts faibles de la main d’œuvre et pour résorber le chômage.
L’Afrique peut redresser sa situation économique en retard, parce que, sur le plan de la technologie, de l’innovation, et de la création, moins on est encombré par des idées du passé, plus on est créatif et ce sont des outils qui sont à la portée de tout le monde aujourd’hui. On peut être en Afrique et , si on a des idées intéressantes, à travers Internet et les réseaux par exemple, on peut les convoyer à n’importe qui, et les fruits en reviendront toujours.
Il faut changer tout le système de référence du développement des pays et des entreprises basées sur le « concurrent engineering », c’est à dire essayer d’avancer en commençant à partir de la base. Le développement tant au niveau des entreprises que des Etats, doit se faire à partir sur plusieurs plans concurrents de façon simultanée.
L’état actuel des nouvelles technologies doit permettre un point de départ pour la création des méthodes adaptées à l’éducation de base, en vulgarisant les concepts les plus avancés de la technologie, et en les mettant à portée de main des enfants, dés leur plus jeune âge.
L’Afrique possède aujourd’hui, toutes les potentialités pour vaincre l’ignorance, éloigner les guerres tribales, apporter des faisceaux de connaissances, élever le niveau culturel, technologique et intellectuel de sa jeunesse, unir toutes les forces dispersées dans un développement harmonieux et stratégique, mais faut-il que la volonté politique soit assez déterminante pour susciter, motiver et canaliser toutes ces énergies vitales.
A l’heure où s’accélère le processus de globalisation et la facilité de transfert transfrontalier des technologies, une population éduquée et en bonne santé devient indispensable non seulement pour assimiler et utiliser les technologies nouvelles mais également pour participer réellement aux échanges internationaux.
Une main-d’œuvre formée ne suffit cependant pas. L’Union Africaine doit se doter de la capacité institutionnelle et de gestion qui lui permettra de prendre les bonnes décisions, tant dans le secteur public que dans le secteur privé. Seule cette démarche lui permettra de lutter efficacement contre la pauvreté, d’assurer une croissance économique soutenue et soutenable, et de parvenir à une intégration réaliste de la région dans l’économie mondiale.
Les choix stratégiques des gouvernements des pays en développement africain à travers la Nouvelle Initiative Africaine (NEPAD), doivent désormais être guidés par le principe de l’exploitation optimale des divisions actuelles du travail. Comme indiqué plus haut, celles-ci font que le travail à faible valeur ajoutée tend à être transféré vers ces pays. Il appartient donc à leurs gouvernements de veiller à accroître progressivement la valeur ajoutée des systèmes de production. Cette orientation conjuguée aux transferts de technologies et au relèvement de la formation devrait conduire à une intégration durable au sein du système économique mondial.
Dans un monde de plus en plus interdépendant, non seulement en matière économique et commerciale mais également dans des domaines tels que la protection de l’environnement, l’immigration, la sécurité et d’autres secteurs problématiques, gouverner devient une activité de plus en plus participative et dense en information. Le pouvoir exécutif a perdu et continue de perdre de son importance au profit du pouvoir réglementaire, et ce processus se vérifie aussi bien dans les pays avancés que dans les nations en développement.
Dans ce nouveau contexte, les éléments clés deviennent l’éducation afin d’optimiser le potentiel humain, la flexibilité dans les processus décisionnels et la mise en réseau des ressources humaines au plan régional et international, parallèlement à la recherche permanente d’une plus grande transparence et d’une véritable démocratie. Telles doivent être les priorités absolues des Etats modernes décidés à réussir leur intégration sur la scène mondiale.
Le problème de la bonne gouvernance et du gouvernement des nations s’impose dans le devenir politico- économique de l’Afrique. Pour rester compétitif ou simplement pour survivre, il faut désormais maîtriser parfaitement l’environnement global de l’entreprise, à savoir une maîtrise et un meilleur contrôle de tous les circuits d’information stratégique. Il devient dés lors urgents de pendre conscience des enjeux pour les entreprises africaines.
Les pays africains ne doivent pas rater cette occasion unique de s’accrocher enfin aux wagons de la nouvelle économie. Si aucune action significative n’est faite rapidement aujourd’hui, ils pourraient être coupables de négligences demain.
Amath SOUMARE
Expert auprès d organisations Internationales (Banque Mondiale, Ocde, UE, Unesco)
Président SOPEL International
INTELLIGENCE ECONOMIQUE & DEVELOPPEMENT (Nepad, Tic)
EUROPE
Tel: +338 1103 6192- +338 1195 6193 – +336 6292 3881 – Fax: +338 1195 6193
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